Contribution | La jeunesse, on en parle beaucoup ces derniers temps.
Organiser les États généraux de la jeunesse aurait été plus pertinent et plus judicieux. En effet, notre jeunesse est malade de son opportunisme : trop pressée de devenir riche, de “devenir quelqu’un” à tout prix, même s’il faut forcer le destin en usant de méthodes peu recommandables.
Notre jeunesse est malade de son incapacité à s’affranchir du poids de l’héritage du “père”, de la famille, de la tribu et autres préjugés sociaux et politiques.
Si bien qu’elle n’est pas toujours en phase avec son époque et son temps pour porter le changement, en envoyant de manière intelligente — et sans entretenir un conflit des générations — à la retraite les “vieilles mentalités”, les vérités devenues obsolètes et surannées, voire encombrantes à force d’anachronisme, ainsi que les gardiens et tenants de cet ancien ordre.
Le drame de notre jeunesse est d’être très inféodée aux déterminismes de tous ordres : trop alignée, trop docile et incapable de s’assumer, au point de se contenter de “l’héritage”. Comme de malheureux adolescents d’une famille nantie qui, refusant de travailler, de s’assumer et de prendre leurs responsabilités, attendent impatiemment et lâchement la mort de leur père pour se partager l’héritage.
Voilà autant d’écueils qui plombent le décollage de notre jeunesse. Elle est incapable de s’entendre, de s’unir sur l’essentiel parce qu’elle est très politisée et veut porter le combat et les contradictions d’une génération en fin de vie, par procuration.
Notre jeunesse, quelle que soit sa couleur, est trop fragile, manipulable, malléable à merci : l’esprit critique n’est pas son fort.
Son péché mignon, c’est l’argent facile, toute chose qu’on peut obtenir sans effort, sans mérite.
Trop orgueilleuse de sa “paternité familiale et tribale”, elle place la citoyenneté et la République au second plan.
Elle peine à être indépendante, à raisonner par elle-même, à se démarquer des sentiers battus qui peuvent l’emmener vers l’inconnu, la discorde et le chaos. Elle ingurgite beaucoup, cogite peu, mémorise sans comprendre et fonde toute sa culture sur d’anciens récits et recettes, souvent partisans et peu intelligibles.
Et c’est pourquoi- appelez-les comme vous voulez : Conseil supérieur de la jeunesse, instance nationale de la jeunesse mauritanienne- ces structures ne sont qu’une reproduction à l’identique de l’ancienne classe sociale ou politique. Cette jeunesse reste l’otage d’un système qui entend assurer sa survie, sa continuité et ses intérêts.
En effet, la jeunesse, c’est l’épanouissement, la vitalité, l’innovation et l’orientation vers de nouveaux caps : nouvelles valeurs, nouveaux paradigmes, parfois un nouveau départ sans perdre de vue la consolidation des acquis les plus pertinents susceptibles d’apporter des transformations et changements réels garantissant l’intérêt général.
Seyre SIDIBÉ